Amenra – Mass VI (2017)

C’est quoi Amenra ? Ben disons déjà que c’est un album choisi par George. Ca donne déjà une série d’informations quant à la nature musicale de cet album. Bon, ben venez pas dire que vous n’étiez pas prévenus…

L’avis de George

Chronique | Amenra - Mass VI | VerdamMnis Magazine

Même s’il n’est pas du tout le plus représentatif de ce que fait Amenra, j’ai choisi comme morceau d’entrée « A Solitary Reign » dans sa version studio qui sera probablement le plus facile à ingérer pour nos 7-8 fidèles auditeurs, et pour les préparer un minimum, je voudrais parler un court instant du style musical d’Amenra.

Connaissez-vous les dizaines d’histoires qui existent pour illustrer les différents styles de metal avec le dragon dans le château qui s’apprête à bouffer la princesse juste au moment où le chevalier arrive.

En fonction, des styles, le chevalier arrive bourré et vomit dans les douves ou se suicide à l’entrée en écoutant Black Sabbath et ça finit généralement mal pour la princesse. C’est assez parlant pour la plupart du temps quand on connait un peu les styles dont on parle et leurs adeptes. Y a une page wikipedia la dessus.

Un poil éculé, certes.

Amenra, ils font entre autres ce qu’on appelle de l’Atmospheric Sludge Metal même si pas que…

Et l’histoire, c’est :Le chevalier se pose à l’extérieur du château avec une guitare et un ampli de 20 mètres, joue une note de 30 minutes, fait trembler le sol, s’écrouler le château et succomber le dragon avec la princesse.

Bon ça fait d’emblée plus penser à Sunn O))) qu’à Amenra, mais y a quelque chose de cela aussi.

Suite à la tirade d’Alain lors du précédent épisode sur les origines du chant dans le metal, j’ai donc choisi l’album Mass VI du groupe Amenra, sorti en 2017, mais dont la version live est sortie ce mois d’aout 2021. Et ils ont également  sorti dans la foulée un magnifique live acoustique que je ne saurai que trop recommander également.

Amenra, c’est un groupe belge qui vient de Courtrai et qui s’est formé en 99, qui hurle beaucoup et chante un peu, principalement en anglais, mais aussi un peu en français et en néerlandais.

Alors, je sais qu’on avait déjà perdu les fans de Pearl Jam et que j’espère ne jamais avoir compté ceux d’Ed Sheeran et de Ghost, mais je vais donc à nouveau rassembler, Amenra, je ne les aime pas parce qu’ils sont belges.

D’ailleurs, j’en profite au passage :

Je déteste Hollywood Pornstars, je trouve que Ghinzu n’a jamais eu aucun intérêt, la musique de Deus et de Girls in Hawaii n’est pas à mon gout et Brel me brise les tympans.

Mais heureusement, il reste des pointures pour remonter le niveau comme Goat Vomit, Frank Michael, Ultraphallus, Salvatore Adamo, Wolvennest et Amenra.

Et donc comment vous parler de ce groupe sachant que c’est la première fois dans ce podcast que je donne vraiment en pâture aux chacals qui m’entourent habituellement un album qui me tient vraiment à cœur.

Alors je vais commencer par citer Bobby dans l’épisode 3 : « Y a de la spirualité dans cet album, on touche au divin »

Il m’a fallu du temps pour le maitriser le « spirualité ».

Et donc, pour moi, les mots qui définissent le mieux Amenra sont : intensité, émotion, rituel, catharsis, douleur et espoir. Rien que ça.

Dans une interview, on a demandé au chanteur Colin Van Eeckhout de définir le style d’Amenra. Il a répondu, je cite :

« Quelque chose plus post-metal, presque filmique, des paysages sonores, c’est très long et lourd parfois et c’est un grand spectre émotionnel. On part d’une tristesse profonde jusqu’à une force très animalesque »

Je trouve cela très « accurate » pour citer à nouveau notre Bobby national. Les sujets abordés tournent surtout autour de la perte de soi, la perte de l’autre et du deuil. On se retrouve transposé dans un univers sombre lourdement chargé d’émotions pas ultra joyeuses qui n’invitent pas à s’adonner au plaisir généralement non partagé de la farandole.

Niveau référence, le groupe cite Tool, Isis ou Neurosis. Les papys du sludge (bon, Tool, pas trop sludge évidemment). Les meilleurs.

Leurs dernières sorties. Le dernier album, Mass VI sorti en 2017 est le sixième disque studio de Amenra, le premier dans lequel le chanteur, Colin Van Eeckhout utilise autant sa voix claire, et même chantée.

Le groupe vient d’aligner deux sorties sur leur Bandcamp. Le surpuissant Mass VI live en aout et un magnifique live acoustique en septembre. Ils coutent chacun 7€ et plus si affinités.

Je suis un peu triste pour vous qui les avez découverts assis à votre bureau ou dans la salle d’attente de votre proctologue, parce que le mieux pour faire connaissance avec eux, c’est en live.

Parce qu’en live, Amenra prennent encore une autre dimension. Il y a encore plus d’intensité quand ils sont sur scène qu’en studio, c’est une vraie expérience physique. Comme pour Sunn O))). Ou les Swans. J’ai bien dit les SWANS.

Je vous promets, tout comme ils ont réussi à laisser de marbre certains potes métalleux, ils en ont aussi convaincu d’autres qui étaient pourtant convaincus jusque là que Metallica était ce qui se faisait de plus violent en metal.

Pour arriver à ce résultat, les mecs ont joué partout. Ils ont commencé dans les squats de hardcore gantois. L’ancien groupe du chanteur faisait d’ailleurs du hardcore pur jus. Mais la musique d’Amenra n’était pas assez hardcore pour la scène hardcore, et pas assez sludge pour la scène sludge (ils n’ont jamais été invités à ma connaissance à un festival de ska-punk ni de polka-goa-trance). Ils ne rentraient dans aucune case nulle part. Et ils ont continué. A jouer dans les squats, dans les bars, dans une grotte en Allemagne, dans le camping de l’Ieperfest, dans des églises et même à des défilés de mode (je ne vous mets pas tous les liens, démerdez-vous un peu, Google est votre ami)

A côté de ça, ils font complet à l’AB, mais ils reviennent jouer par amitié à la Zone à Liège devant 200 personnes. Concert sold out en moins de 3 minutes. En passant, encore merci à Simon pour le tuyau, puis aussi pardon pour l’accent liégeois, et respect à Matthieu de la Zone pour avoir réussi à les faire venir. C’était fuckin’ epic, même par 40°.

Puis aussi à Berlin avec Lingua Ignota (revenue en Belgique également pour le concert du rituel du feu)

Et je disais, le tout en mode pro, puisque m’a-t-on raconté, à la zone, les mecs sont arrivés en matinée pour installer leur matos et faire leur soundcheck, comme s’ils jouaient à l’AB. Un son nickel. Que ce soit à l’AB ou à la Zone. Et vu le style et le volume sonore, pour arriver à un son pareil en live, il y a vraiment du très bon boulot derrière. Les mecs sont apparemment ultra exigeants avec eux-mêmes avant tout.

Alors pour vous faire une idée, on trouve sur Youtube les lives complets de leurs passages au Graspop en 2017, et surtout à l’Ancienne Belgique, un live d’1h30, au cours duquel le chanteur se fait accrocher des hameçons pour requins eux-même lestés de grosses pierres au beau milieu du show vers une heure de vidéo. 6 sur le torse, 6 dans le dos et un ou deux sur chaque bras. Et le tout sans s’évanouir. Honnêtement, rien qu’en le regardant, j’avais déjà mal.

Quand je parlais d’expérience physique, il faut voir la vidéo du concert à l’AB et notamment Terziele juste après l’accrochage des hameçons où on se demande si le chanteur va s’évanouir ou non. A Courtrai, le mec s’est carrément fait suspendre à des crochets en réplique de Jésus sur sa croix.

Malheureusement, il n’y a pas de sortie physique prévue pour ce mass VI live.

Le live est très fidèle à l’album.

Quatre titres d’une dizaine de minutes sur le live ainsi que sur l’album qui compte deux interludes supplémentaires, pour un album court mais intense et hautement chargé en émotion.

Une écoute qui demande un investissement de l’auditeur à la hauteur de l’investissement et du niveau d’exigence du groupe à tous niveaux. Mais un investissement qui en vaut la peine.

Alors oui, ça gueule, parfois fort, ça fait du bruit, parfois beaucoup de bruit, y a même moyen de tomber de sa chaise quand on n’a pas l’habitude, mais à nouveau, moi quand j’écoute ça, y a un truc viscéral..

Amenra, il faut savoir que ce n’est pas qu’un projet musical, ils ont formé un collectif baptisé Church of Ra, avec d’autres groupes tels que Wiegedood ou Oathbreaker, et qui intègre d’autres formes d’arts comme la danse, les arts plastiques, et visuellement, toutes leurs productions, leurs performances et leur artwork est toujours magnifique.

Que ce soit leur documentaire, leurs clips, leurs lives officiels, on a toujours droit à des images ultra léchées même si fort peu festives. Et leur documentaire est beau à voir tant ils semblent partager ensemble un but, des valeurs, sans jamais chouiner comme on a pu le voir dans d’autres exercices du genre (coucou Metallica, coucou pauvre petit fennec)

Commencez par le clip ‘publié plus haut )de A Solitary Reign, sur le dernier album, avec du chant clair, et une vidéo avec un lapin, des petites grenouilles et des oiseaux morts.

Comme sur la cover du dernier album, intitulé Mass VI, sur laquelle on voit un cygne mort esthétiquement posé sur le coin d’un socle, paisible.

ET, tout arrive, je terminerai, enfin, sur l’explication de Colin Van Eeckhout sur le choix de la cover :

Les belles choses ne sont pas éternelles, mais restent belles même mortes.

Michel Sardou : Dans un état désespéré ! - France Dimanche

L’avis de Alain

Comme presque tout ce que George propose, je ne connaissais pas et ça m’oblige à réfléchir.

Moi, je suis un homme, donc faire plusieurs trucs en même temps c’est pas mon truc. Donc, le côté art moderne performance … touche ton corps tout ça non merci ! Maintenant, je préfère le gars qui s’accroche des pierre que celui qui casse une guitare, j’ai infiniment plus de respect pour la démarche.

A part ça, comme dirait l’autre, j’ai des enfants et je mange des frites, donc, je suis normal. Par contre, musicalement, j’ai une attitude mono-maniaque (je ne suis pas trop pour les « live » par exemple).

Pourquoi Amenra ? D’où vient le nom ? Ainsi soit Râ on sait qu’on va être dans le mystique (dévotion), mais dans tous les sens du terme (comme à Spa).

Il y a une Atmosphère … de Joy Division.

Mais vous me connaissez, tel un pirate informatique, je prends les choses hacker.
Avec George, on sait que ça va être cérébral. Et c’est du belge et ça c’est déjà top.
En tant que fan de prog rock, 6 morceaux pour 41 minutes c’est déjà toute une promesse.

Quand on entame l’écoute, on ne peut déjà que sursauter au premier morceau.
Allez hop pour un bis repetita placenta (hommage à Whitney) de Oranssi pas de zoulou

Mais pitié NON pas du néerlandais
Le chant à la voix clair ça donne vraiment un style

Passages instru dans Plus près de toi…. terribles lancinant (qui obsède) (obséder : tourmenter de manière incessante)…passage en français basse guitare ride voix

S’il n’y avait pas les hurlements et le néerlandais , ça pourrait franchement devenir un de mes groupes préférés…
A certains moments, on a l’impression d’être dans une sorte de rapport auditif non consenti, mais bon
L’allemand je peux (j’adore même) mais le néerlandais, je peux pas…

La pochette ? Pourquoi ? Noel ?

Ceci étant, cette musique à presque quelque chose de sexuel, mais pas dans le côté 50 nuances de Grey
Le côté tourmenté m’a rappelé le rock alternatif, indé, voire gothique

Ca m’a fait penser à toute une série de groupes de la fin des années 80 et surtout, ça m’a rappelé pourquoi à 17 ans j’aimais autant MTV

L’avis de Bobby

Et bien j’ai bien aimé, si l’on part du principe que l’on rentre dans Amenra comme on rentre dans une secte, ou une religion, c’est kif kif, alors je suis devenu un adepte.
Je ne dis pas que j’irai à leur messes tous les dimanches mais au moins a celle de Noël, celle avec les sacrifices de chèvres et ou il y aura les danseuses nues recouvertes de sang ça c’est sûr.

Sinon l’avantage de cette structure de morceaux assez longs avec des moments très calmes, voire contemplatifs, c’est qu’à ce moment tu peux écouter autre chose par dessus, un tuto youtube pour optimiser le serrage de colsons, un best of des grosses têtes ou l’intégrale de Michel Sardou, c’est cool non ?

En fait Amenra a inventé la musique 2 en 1. Une sorte de Head&Shoulders sonore, quoi de plus logique pour des chevelus me direz vous

Sinon comme je l’ai dit, j’ai bien aimé.

Même si on a toujours pas la réponse à pour qui ces gens hurlent comme ça, il y a une cohérence entre la musique et le chant, les invités vocaux apportent une varieté si si je vous jure, un contrepoint .

Cela m’a fait penser a une sorte de Sigur Ros version antéchrist.