Brutus – Unison Life (2022)

L’avis de George

Brutus, c’est un trio belge de Leuven émigré à Gand qui existe depuis 2014. Un trio qui a la particularité d’avoir aux commandes Stefanie Mannaerts, qui assure au propre comme au figuré à la fois au chant comme à la batterie. 

Unison Life est sorti en octobre 2022 et il s’agit là de leur troisième album après les déjà sympathiques Burst en 2017 et Nest en 2019, qui étaient déjà très bons, mais qui n’atteignaient pas les sommets de cette nouvelle galette. Le groupe a profité la période du Covid pour prendre son temps pour composer et enregistrer cet album sur une période de deux ans. Résultat : une grosse production pile poil taillée pour se faire une place internationale.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est impressionnant, même si c’est probablement un des albums les plus easy-listenings parmi ceux que j’ai proposé dans ce podcast, ça reste un de mes disques préférés de 2022. Pour n’en citer que quelques-uns, Kerrang, Metal Injection, Distorted Sound, Clash Music, Rolling Stone Magazine et Noise Magazine partagent mon avis.

42 minutes d’un mélange de rock alternatif, de shoegaze, de post-rock-hardcore, le tout aux relents parfois noise, punk (ce blast de Chainlife), voire à la limite de la pop comme sur Victoria.

Leurs influences qu’ils citent eux-mêmes vont de Bad Religion aux Cranberries, en passant par Cult of Luna, Brian Jonestown Massacre et ça aurait même pu être The Cure… mais la chanteuse explique avoir un problème avec les groupes optimistes (sourire du rédacteur).

Dans le dernier Noisemag, la chanteuse m’a encore fait sourire en parlant de sa mère qui mettait la radio sans même vraiment faire attention à la merde qui y était diffusée. En précisant qu’elle ne comprenait pas comment on pouvait faire ça. Dans mes bras ! Et au rayon coups de cœur, ils citent Fontaines D.C. et les cinglés de Goat. Tout pour me plaire.

Pour revenir à Unison Life, un sentiment général d’urgence se dégage de tout l’album, on sent que le groupe a énormément gagné en profondeur et en intensité à pouvoir passer énormément de temps peaufiner ses compos. Ils expliquent aussi que contrairement aux précédents albums, ils ont enregistré cette fois en Belgique, ce qui leur a permis de pouvoir faire joujou avec tous leurs instruments et pédales, passer autant de temps qu’ils le souhaitaient à tout tester. Et ils ont apparemment fait le plein de joujous justement. Cela dit, ils n’en abusent pas en studio, et un de leurs critères pour enregistrer un titre est qu’il soit transposable pour le live, sans quoi, c’est pour le compost.

L’album a été enregistré par Jesse Gander, qui a aussi enregistré White Lung et les Japandroids.

Il est sorti chez les Londoniens de Hassle Records et chez les Los Angelesiens de Sergeant House. 

D’ailleurs, en me loguant sur la page de Sergeant House pour préparer cette chronique, c’est immédiatement une vidéo de Stefanie Mannaerts à la batterie qui est apparue en page d’accueil. Et Sergeant House, ce ne sont pas des rigolos, on retrouve notamment chez eux Earth, Chelsea Wolfe, Emma Ruth Rundle, Lingua Ignota, Russian Circles.

Le chant de Mannaerts est toujours impressionnant, elle est capable d’alterner chants cristallins, plaintifs, chargés d’émotions, ou carrément rageux, à la limite de la rupture, sans jamais franchir la barre de l’indigeste.

Dès Miles Away en intro, on sent qu’on va prendre du son qui sera à la fois gros et joli. Et ça se confirme ensuite. L’album comporte d’ailleurs quasi autant de singles potentiels que de titres. Brave est imparable d’entrée, avec son blast punky en intro, son pont avec cette voix incroyable qui s’envole pour déchirer les cieux, Victoria, plus pop dans l’âme, parfaite pour convaincre les touristes de la plaine de Werchter, mais terriblement efficace, What Have We Done, plus lente et plus lourde. Arrive ensuite mon morceau favori de l’album : DUST, dans lequel Mannaerts règle ses comptes avec ce qu’on devine être un ex ou un proche trop encombrant, le tout sur à nouveau du blast furieux, avant de terminer par un Ready, Are You Ready, Why are you running, I am standing over here. Tellement énervée qu’on comprend pourquoi la personne à qui elle s’adresse s’est mise à courir dans la direction opposée. Je vais vous dispenser de la review complète tracks by tracks. Mais dans Chainlife, Mannaerts défonce littéralement sa batterie en mode punk furax, un titre qui aura de quoi botter le cul de tous les amateurs de gros son et de créer des circle pits cinglés dans tous les festivals de rednecks metalleux. Suivent Storm, encore un gros single potentiel, puis Dreamlife, un poil plus faiblard selon moi, le seul titre un peu en-dessous en ce qui me concerne. Mais le groupe termine par Desert Rain, qui reste selon moi l’autre morceau parfait pour clôturer un disque et même un concert.

Le titre « Unison Life », c’est le concept de faire tout pour rendre les choses parfaites pour son entourage, être bienveillant avec ce dernier, mais en même temps aussi de mentir à ce même entourage pour ne pas le blesser, à faire des compromis contraires à sa propre nature.

Le groupe a démarré une tournée fin janvier avec plus de 40 dates prévues, principalement en Europe, mais aussi 3 dates aux USA. D’abord en salle, puis en festivals à partir d’avril. 

Ils jouaient le 3 février à l’AB après deux dates de chauffe à Paris et à Amsterdam. Concert complet depuis des lustres. Mais heureusement, on peut compter sur ses potes pour avoir été plus prévoyants que moi sur ce coup-là.

A l’AB, le groupe a fait lui-même son soundcheck avant de jouer 8 titres tirés de Unison Life parmi les 16 choisis pour ce soir-là. Manquaient juste Dreamlife et Chainlife à l’appel. Concert maitrisé et qui envoyait encore bien plus le bois que sur disque, c’est vous dire, et pourtant, le gros reproche que je pourrais faire à cette soirée… c’est le public. Mou. Flasque.

Preuve qu’ils sont désormais taillés pour l’international, ils passeront notamment par le Roadburn Festival, Welcome To Rockville, le Pinkpop, les Francofolies de la Rochelle, l’Alcatraz metal et plein d’autres.

Ils vont partager l’affiche avec des groupes tels que Oiseaux-Tempête, Wolves in The Throne Room, Deafheaven, Boy Harsher, Amenra, Wolvennest, Gronibard, Paradise Lost, Slipknot, Queens of The Stone Age, Puscifer, Converge, Red Hot Chili Peppers, Warpaint, I Prevail, Perturbator, Regarde les Hommes Tomber et Birds in Row.

Sans oublier qu’ils seront aussi à l’affiche de l’Arctangent festival de Bristol, probablement la meilleure affiche de cet été, mi-aout, dont l’affiche est carrément dingue. Swans, Heilung, Converge, Deafheaven, Igorrr, Jaga Jazzist, Russian Circles, LLNN, Wiegedood, Pupil Slicer, Cave In, Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, et plein d’autres. La barre est mise haut, très haut. Mais Brutus a tout ce qu’il faut pour y jouer des coudes. Et quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’en entendre parler !

L’avis de Gary

On devrait tous écouter plus d’album qui comportent des titres comme Dust, Storm, Liar ou encore Desert Rain.

Ce trio belge sent les bonnes références et si on m’avait dit que c’était sorti en 2000, je l’aurai cru sans peine. On a du God Speed, Sonic Youth, Whitelungs, At the drive in et j’en passe.

Un album post-hardcore de très bonne facture dans les compositions bien que j’ai eu un peu peur au début que le chant s’articule entre Bjork et Doro, qui rappelons le avaient toutes deux cartonné en Flandre (car non la Flandre n’a pas toujours de bons goûts), mais après deux morceaux, on y pense plus tant cette dernière réalise un sans faute à la fois dans les mélodies et dans les intentions. Je dois cependant mettre un bémol, la production est malheureusement un peu faiblarde.

Les batteries sont très mal mixées et les guitares un peu floues. La batteuse n’est pas toujours en place et gagnerait à jouer des parties un peu plus simples. Je conçois que la chanteuse et la batteuse sont la même personne et qu’elle se livre à un exercice très complexe et aussi très difficile à mixer.

Il s’agit également d’un trio ce qui à mon sens mérite tout de suite 5 points en plus. Mention spéciale pour Dust.

L’avis de Bobby

Sympa ce groupe de cover d’evanesence !

Bon bref on parle de mélanges de pleins de styles. Ben j’ai rien entendu.
Du coup je passe à cote de la hype. 
Et oui je sais une chanteuse batteuse bla bla bla, mais voilà ici on écoute des disques et donc on ne voit pas ça 
Oui je sais je dis ça quand ça m’arrange ET ALORS 

Alors je ne trouve pas ça mauvais hein, juste je ne comprends pas la valeur ajoutée par rapport a d’autres groupes du meme style (que je n’écoute pas) 

Un morceau genre Victoria il a quoi de plus que moi hein ?

Désolé mais ce sera une indifférence polie pour moi …
Ce qui dans l’échelle du bandit bandit est une bonne chose !

L’avis de Alain

Stefanie ❤️ Oui, vous vous en doutiez… une gonzesse, chanteuse, ca part déjà bien. Si en plus, elle est batteuse… elle a tout mon coeur. C’est déjà gagné.

Chainlife est absolument dingue.

Cela-dit, je trouve que l’album ne rend pas honneur à la batterie au niveau studio. Je suis curieux de savoir comment ça a été enregistré.

L’avis de Kante

Je suis content qu’un groupe belge trouve le chemin des scènes internationales.
Y’a juste que c’est pas mon truc. C’est beaucoup plus supportable que ce que Alain a proposé, mais je tourne que ça manque d’un truc.
Je suis pas fan du vrai métal ou alors je suis trop vieux.
Toujours est-il que dès que ça claque de la double pédale et que les guitares deviennent indissociables les unes des autres, je m’y retrouve plus.
J’ai besoin d’entendre des instruments et des voix. Quand ca distord trop, c’est plus ma came. Je trouve ça carrépanet inaudible, mais je ne sais pas si ce sont mes acouphènes ou mes gouts personnels qui me font dire ça.

Bref. Un album globalement intéressant. Je suis content de l’avoir écouté, ne fut-ce que pour savoir ce que Brutus fait, musicalement parlant. Parce que soyons de bons compte… j’irai sans doute les voir en live.

Je sais pourquoi George aime bien. C’est du metal bien foutu avec encore une partie vraiment chantée.
Je sais pourquoi Alain aime bien : Une meuf qui chante du metal.
Je sais pourquoi Whitney n’aime pas.
Je sais pourquoi Bobby n’aime pas : C’est Bjork qui fait du metal.

Note :

C’est dans la cuisine de Cédubéton qu’on a entendu parler pour la première fois de Brutus (quelqu’un se souvient de cet enregistrement de type « excursioniste » dans le wild-wild-namurois ?)

Et puisque tu lis tous les articles qu’on écrit avec l’avidité d’un chacal affamé, on te mets les liens du podcast pour te faire patienter avant la sortie des prochains torchons :