Kit de première urgence pour soigner ta paralysie musicale

Tu es né dans les années 80 (ou pire, encore avant) et tu as acheté un ticket pour aller revoir cet été pour la 34ème fois Metallica chanter One, Smashing Pumpkins étirer ses sets à coups de solos insupportables de Billy Corgan qui a tendance à se prendre pour le Joe Satriani des bacs à sable ou même Pearl Jam (est-ce même encore nécessaire de devoir ajouter un commentaire sur ces derniers) ?

Tu as été récemment victime de convulsions nerveuses en cliquant frénétiquement sur le site Ticketmaster pour être bien placé dans la file des préventes pour Therapy?, Placebo ou AC/DC ?

Tu es sans doute atteint de ce qu’on appelle la paralyse musicale.

Une étude réalisée par Deezer a en effet mis en avant qu’aux alentours de 30 ans, on devient réticent voire hermétique à la découverte musicale et qu’on a donc tendance à rester gentiment enfermé dans sa petite bulle musicale… jusqu’à sa moooort.

Et c’est scientifique, plusieurs études ont démontré que la musique que l’on aimait écouter quand on était ado libère un flot de dopamine quand on se la repasse même 50 ans plus tard atteint d’un Alzheimer précoce. On a donc naturellement tendance à rester coincé dans son univers musical figé vers la trentaine, parce qu’on s’y sent bien.

Pourtant, on sait pertinemment bien que cette dopamine vient à manquer lorsqu’on force trop sur la consommation d’alcool ou de tabac ou encore sur le doomscrolling sur les réseaux sociaux, mais qu’elle repointe le bout de son nez lors d’activités gratifiantes telles que la consommation de bouffe, drogue ou sexe (avec toutefois quelques nuances, attention, KFC, les drogues de synthèse et le sexe avec le mec de ta meilleure amie, c’est vraiment mal). Mais aussi lorsque l’on écoute de la musique qui nous plait. Toute forme de musique qui nous plait. Ancienne ou récente.

Et quand je dis récente, j’entends par là des nouveaux albums de groupes suivis depuis de nombreuses années, mais pas que. Par exemple, j’adore Tool, mais depuis que Maynard s’est lancé dans la production de rouquin et que le groupe sort désormais un album tous les 13 ans, au bout d’un moment, ça fait du bien de pouvoir intercaler deux ou trois autres albums sympas dans l’intervalle. L’occasion de découvrir d’autres artistes, en disques ou en live.

Surtout que si on jette une oreille un peu objective aux dernières sorties des artistes dont on était fan dans les années 90, il y a quand même plus de déceptions que de réelles sources de dopamine. Tu réalises quand même que Brian Johnson a 76 balais et qu’il sucrait déjà les fraises en interview sur MCM il y a 20 ans ou que Billy Corgan n’a pas pondu un album valable depuis l’an 2000 ? Contrairement à Muse à qui ce n’est jamais arrivé.

Même chose pour les concerts. Ne viens pas me dire que tu trouves le Sportpaleis sympa, qui plus est pour aller revoir encore et toujours les mêmes vieux sphincters… qui ont eux-mêmes toujours un peu plus de mal au fil des ans pour la plupart ? Sachant que ceux qui ne sont pas encore enterrés sont pour la plupart déjà morts dans leur tête pleine de LSD depuis bien trop longtemps.

Tu savais qu’avant de s’attaquer au matos sur scène, les roadies de The Cure avaient pour mission de commencer d’abord par ranger Robert Smith dans son sarcophage dès la tombée du rideau ?

Est-ce que ça a vraiment du sens en 2024 d’aller voir un concert de l’hologramme de Michael Jackson en 6D Ultra-Max dans une salle de cinéma à la con avec des projections d’odeur de macchabée pour rendre l’expérience Thriller et Michael plus réaliste ?

Ou d’aller voir ses vieilles idoles faire semblant d’avoir envie de jouer ensemble sur la grande scène de Werchter quand on sait qu’ils ne se pètent plus le moindre mot entre eux quand le rideau tombe et qu’ils sont tous juste là pour encaisser leur joli chèque à 6 ou 7 chiffres ?

Bon, Johnny ayant rendu les armes, je pourrais à la limite comprendre que tu te rabattes sur le Boss, son pendant américain, qui aura 75 ans cette année, et ne sera donc plus là non plus pour des années. D’autant que dans son cas, les années importent peu puisqu’il a toujours été vieux.

Réfléchis un instant, je suis certain que tu ne veux pas non plus terminer sur une croisière Nostalgie à 65 ans en te réjouissant de voir un cover band de la Mano Negra. Depuis le temps, tes potes savent de toute façon déjà que tu ne captes rien à l’espagnol et que tu fais juste des mimiques ridicules avec ta bouche comme feu Jacques Chirac à l’époque du Stade de France. Ou pire qu’une croisière, un concert au Forum avec à l’affiche Eddie Vedder en personne en concert acoustique à l’ukulélé. Ou la reformation de Ghinzu pour les 50 ans du groupe au Trocadero.

Je ne pense pas qu’on puisse vraiment avoir envie de tout ça.

D’ailleurs, si on fait un parallèle avec le cinéma, on peut avoir une passion par exemple pour le cinéma pop-corn des années 80, mais PERSONNE ne passe ses soirées à voir et revoir en boucle Ghostbusters, l’Empire Contre-Attaque ou les Gremlins. Et si c’est le cas, pense à consulter.

Sache donc qu’il n’est jamais pas trop tard pour élargir son horizon et prendre son pied en découvrant de nouveaux artistes, voire, soyons fous, trouver un intérêt jusque là insoupçonné pour d’autres genres musicaux…

Le Deadbeat Club a concocté pour toi une playlist d’une centaine de groupes et d’artistes qui ont sorti leur premier album/E.P. au plus tôt en 2010. On aurait pu en mettre 500 évidemment, mais on s’est dit qu’on allait y aller mollo dans un premier temps. Et puis vous savez tous très bien qu’il y en aura plus…

Cette playlist part bien sûr dans tous les sens, mais est certifiée sans musique à 432 Hz, puisqu’il s’agir d’ouvrir non pas tes chakras mais ton horizon musical.

Y a du belge, du pas belge, du rock, du rap, de l’électro, de la folk, du jazz, des métaux lourds, des mélanges de tout ça, y en a aussi que tu connais déjà forcément, on a pris soin de ne pas blinder la playlist que de groupes obscurs, il y en aura donc pour tout le monde… et si un titre te gonfle, ben passe chercher ta dopamine au suivant. Et il y en a aussi un paquet dont on a déjà parlé dans notre sympathique podcast. Parce qu’au Deadbeat Club, on n’aime pas que les vieux culs. Même si on en aime certains quand même (vous connaissez les Swans ?).

Et en parlant de nouveaux artistes, sache que tu as (encore) loupé un concert terrible ce vendredi 16 février à Liège, avec The WRS, MIT et Leese qui ont retourné la Zone. Et tu n’as pas bougé ton cul parce que tu ne les connaissais pas. Pourtant, ces nouveaux artistes ont mille fois plus d’envie et d’énergie à revendre sur scène que tes vieux bonzes à peine capables de reprendre correctement leurs pauvres Where is my Mind ? et autres Highway To Hell. Rappelle toi aussi qu’un jour, même les plus grands artistes de ton adolescence ont eux aussi bien du commencer par jouer pour la première fois devant 50 personnes dont la moitié n’en avait a priori rien à cirer avant de les voir.

Sans oublier que selon une autre étude, aller voir des concerts deux à trois fois par mois permettrait de de gagner jusqu’à 9 ans en espérance de vie et, assister à un concert tous les 15 jours propulserait la satisfaction et l’amour-propre à un très haut niveau.

On ne va pas se mentir, ça risque peu d’arriver en regardant tes 11 chèvres préférées à la télé taper dans un ballon pour les mettre dans une cacage à la télé. Pas plus qu’en regardant ta 8ème nouvelle série du mois sur ton service de streaming préféré. Et puisque que Bono et sa mouche favorite ne vont pas venir jouer leurs vieilles daubes rances tous les 15 jours dans le coin, n’hésite pas à être parfois un peu curieux, et à pousser la porte des petites salles de ta région. Les petites salles, c’est la vie. Mais on t’en reparlera plus tard.

D’ici là, on te souhaite de faire de jolies découvertes. Et peut-être qu’on se croisera un de ces quatre à l’Atelier Rock, au Hangar, à la Zone ou au KulturA, pour ne citer que quelques salles ô combien sympathiques de notre belle province, devant des groupes qui n’ont peut-être pas encore 200.000 auditeurs mensuels sur Spotify, mais qui mettront le feu dans ces salles comme si leur vie en dépendait, synonyme, on vous le rappelle, de dopamine à la truelle dans la tronche !

Et pour terminer, en parlant de dopamine, de nouveaux artistes, de concerts sympas et de petites salles, on ne saurait que trop vous recommander de ne pas louper le concert à l’Atelier Rock de The Loved Drones programmé le vendredi 22 mars, avec en première partie, Bloocat, le coup de coeur du Deadbeat Club dans le cadre du concours Tremplin organisé par Sans Allure. Elle figure évidemment en bonne place dans la playlist et surtout, on vous en reparle bientôt.

Allez, achète tes tickets, mets ta veste, n’attend pas le premier tram, et rejoins-nous chez Pat.