On vous avait déjà raconté le premier passage du trio made in USA au KulturA. Il faut dire qu’ils avaient marqués les esprits et tout simplement mis le feu. Alors quand on a capté, au Deadbeat Club qu’ils revenaient pour une deuxième salve, une bonne partie du Deadbeat Club a une fois de plus eu envie de voir son ombre dansant dans l’obscurité.
Acte 1
Liège reprezent, KreepThaGod chauffe les planches de son flow half-romantique, half-rebelle. 45 minutes d’instrus percutantes et intenses sur lesquelles il installe son rap aux influences US. Mise en jambe.
Acte 2
A la surprise générale, la deuxième première partie faisait le grand-écart au niveau musical. Si on s’attendait à un artiste dans la continuité d’une programmation rap à toute berzingue, on en a eu pour notre argent. 50 minutes d’un solo-piano-rigolo pour filer une sacré dose de bonne humeur avant la douche dark de Clipping. Sharon Udoh est venue chanter la vie. Elle est venue avec une setlist qui n’existe pas parce qu’elle l’a fabriquée au fur et à mesure de son inspiration, de ses envies et de ce que le public lui inspirait. Piano-voix. Et quelle voix ! En fait, c’est simple. Nina Simone, tu connais ? Ben voilà. Sharon Udoh a la voix de Nina Simone. Rien que ça. Donc bam, 50 minutes de rire, de joies, de peines, mais surtout, de beauté.
Acte 3
Le sol vibre, les infra-basses retournent les estomacs. La voix de Daveed Diggs t’emmène dans les tréfonds d’un univers noir et écrasant en même temps qu’elle prend possession de la scène. Parce que oui, Daveed prend possession. Et il prend possession non-seulement des lieux, mais aussi de toi, de ton corps, et un petit peu de ton âme. Il impose sa présence de son flow inquiétant et envahit chaque recoin de l’espace. Chaque morceau est un banger et la foule ondule au rythme des bien instrus lourdes et bien dégueulasses*. Le temps de se rendre compte qu’il est déjà l’heure de mourir, le MC nous rappelle que Sharon Udoh a laissé son clavier sur la scène, et qu’un duo aussi improbable qu’excitant se préparait.
C’était donc parti pour une demi-heure d’un feat. incroyable : Clipping & Sharon Udoh.
Les choses se corsent. Deux mondes s’affrontent. S’affrontent et se percutent. D’un coup d’un seul, là où elle chantait il y a quelques minutes la beauté et la lumière de la vie, la musique de Sharon se mue en un relevé de ce que la vie nous impose de plus dur et de plus affreux. Racisme, sexisme, haine … il faut chanter le pire pour voir le meilleur. Et il était là, le meilleur. Juste sous nos yeux. Le contraste, l’intensité, la puissance, la densité … c’est pas que les adjectifs nous manquent, mais vous avez compris.
Vous n’y étiez pas ? Pour résumer, il est assez conservateur et pas trop ambitieux de dire que bordel, vous avez vraiment raté une soirée hautement qualitative.
* dégueulasses comme dans « qui fait dégueuler », et donc, dans l’univers de Clipping., c’est très bien.
Réminiscences mémorielles pictographiques
Ça veut dire « des photos ».