Ce qu’il y a de bien avec la camaraderie Deadbeatclubienne (ho, oui, appelez ça consanguinité si vous voulez), c’est que le partage ne s’arrête pas quand les micros s’éteignent. Les concerts s’enchainent aussi, comme pour les récents concerts de Devin Townsend en présence d’Alain et George ou des Swans avec Kante et George.
En ce début de mois septembre, c’est Dans Dans qui a cette fois fait bouger nos couennes à Bruxelles.
Si vous suivez un peu notre merveilleux podcast, le nom de Dans Dans devrait vous être déjà familier. En effet, leur dernier album en date, sobrement intitulé « 6 » et sélectionné par Kante avait déjà fait l’objet de nombreux échanges lors d’un précédent épisode et Kante vous avait déjà raconté et montré sa première expérience avec le trio au 30CC à Leuven.
Et c’est donc ce même Kante qui fut le moteur de la bande pour nous faire découvrir en live un de ses groupes préférés du monde entier. D’abord via une première tentative avec Bobby au M-IDZOMER Festival à Leuven pendant l’été. Tentative que l’on pourra qualifier de peu fructueuse, voire de fiasco total concernant ce dernier. Les commentaires de ce sagouin quand il lui a été proposé de remettre le couvert à la Rotonde du Botanique ce mercredi 6 septembre ne laissent aucun doute à ce sujet.
C’est donc en compagnie de George que Kante a vécu ce nouveau concert du trio anversois qui mélange audacieusement dark jazz, jazz rock et post-rock (si vous le voulez bien, on dissertera une prochaine fois sur l’intérêt des étiquettes post-machin).
Pour ne pas faire durer inutilement le suspense, ce concert fut tout simplement magistral. Sans première partie au programme, dans une Rotonde bien remplie, le trio a brillé dans sa capacité à jongler pendant tout son set entre passages dark jazz tout en retenue et envolées post-rock presque chaotiques à grands coups de riffs déchirés notamment par les nombreuses pédales à effets des deux gratteux.
Et si les titres en studio se révélaient être déjà éminemment excellents, le groupe leur faire prendre encore plus d’ampleur dans leur version live. Et c’est ça aussi qu’on aime chez les (vrais) musiciens au Deadbeat Club, que les groupes soient capables de nous surprendre en live. Et ce fut le cas au Botanique avec ce set dense, certes, mais aussi incroyablement beau.
Un album de Dans Dans, c’est une traversée de notre Belgique. Si je dis « notre » Belgique, c’est sans doute un peu pour oublier la fameuse barrière de la langue. Mais c’est surtout parce que cette Belgique, c’est celle qui est dans nos cœurs. C’est la Belgique et la brume qui se lève dans la vallée de la Semois, par un matin d’automne. C’est la Belgique accoudée à une table de brasserie à la kermesse de Middelkerke, avec son carrousel et ses chevaux de bois. C’est la Belgique qui regarde passer une course cycliste, entre deux ballots de paille, au son du traditionnel « RODANIAAAAA ». C’est la Belgique des mélodies qui réchauffent le cœur et apaisent l’âme. Mais c’est aussi la Belgique météorologique et sa délicatesse toute relative. C’est encore cette Belgique où la mer est grise et un peu déprimante. C’est la Belgique romantique, nostalgique et mélancolique, mais riante et joueuse à la fois. C’est cette Belgique qu’il est très, voire trop difficile à cerner, mais si simple à vivre. Dans Dans en concert, c’est tout ça aussi, mais en plus vivant. Plus vibrant, comme si l’habileté de ces funambules sublimait la musique, la rendant plus vive, lui donnant corps.
Rassurez-vous, même si, pour le coup, il se pose à nouveau là en fameux faquin concernant son avis sur Dans Dans en live, on continue à l’aimer, notre Bobby national, et de toute notre cœur ! Même s’il est incapable de reconnaitre et d’apprécier la Grande Musique. Bien incapable qu’il est de profiter d’une brise légère apportée par une mélodie douce, inapte à se laisser transporter par ces harmonies vibrantes et enivrantes, étranger à toute forme de poésie musicale, il est seul sur le grand rivage de la vie, alors que la fête bat son plein ici, et que nous nous vautrons dans le plaisir. Soyons tristes, mais ne soyons pas défaitistes. L’espoir nait de la peine, et une lueur brille dans la nuit. Ce n’est peut-être pas celle de Dans Dans, mais nous allons faire monter cet être désolant à bord de notre frêle esquif et nous allons traverser les mers les plus hostiles pour le mener à la sérénité.
Et pour votre plus grand bonheur, alors que George s’est joyeusement contenté d’en prendre plein les esgourdes, Kante en a en plus profité pour sortir son gros objectif et a mitraillé la scène pendant une partie du concert.
Mais avant ça : la playlist du concert (on va essayer d’institutionnaliser ça)
En partenariat avec
JazzMania