LIVE : Dans Dans & Chelsea Carmichael @ 30CC Leuven (16/11/22)

Partir à l’aventure. S’éloigner des rives. Découvrir de nouveaux espaces, de nouvelles contrées. Rencontrer de nouveaux visages.

Alors si le fait de traverser la frontière linguistique peut effectivement revêtir des parfums de voyage, ici, le voyage était musical. Et quel voyage !

Un ticket, deux destinations

C’est un peu comme prendre le train vers la côte. Pour parvenir aux plages de sables, aux grandes étendues paisibles et reposantes de la mer, il faut traverser les plaines et les villes.

Le saxophone fluide

Chelsea Carmichael, la grande prêtresse du sax londonien va donc faire une partie du voyage avec nous, pour nous accompagner jusqu’Anvers. Et avec elle, son dernier album, « The River Doesn’t Like Strangers ». Il ne faut pas voir ce titre comme une menace ou un avertissement, mais plutôt comme un appel. Une invitation à ne plus être un étranger pour la rivière. La rivière de Chelsea. En se laissant apprivoiser, et en l’apprivoisant en retour, elle devient douce et enveloppante. Chaleureuse et accueillante. Elle devient fluidité et légèreté. Pas la légèreté de la facilité, non, mais une légèreté et une délicatesse telle celle d’une rivière qui se joue du relief,  contourne les obstacles, mais dont la force creuse la roche. Si à première vue, c’est le relief qui donne l’impression de faire la rivière, il n’en est rien. C’est la rivière qui fait le relief.

Sa musique, tantôt vive et agile, malmenant les plus vaillants vaisseaux dans ses rapides, peut également se poser et devenir un havre de calme et de sérénité, comme une caresse du temps, telle une barque voguant lentement dans les eaux calmes des plaines.

Si seul le nom de Chelsea Carmichael apparait à l’affiche, elle n’a cependant pas manqué de souligner les performances exceptionnelles de ses compères Nikos Ziarkas à la guitare, de Tom Herbert à la contrebasse et de Olly Sarkar à la batterie.

De source belge

La côte belge, comme une bonne partie des choses de ce pays, est un endroit surprenant. À une ville touristique bedonnante et proprette, succède une volée de dunes naturelles et immaculées, après lesquelles apparaissent les tours d’une ville importante, et avec elles, son port, ses ferries, sa pollution, puis, une fois les pieds du mastodonte dépassés, à nouveau une petite station balnéaire avec son zeedijk et ses cuistax. Puis Knokke et son casino et ses voitures rutillantes.

La musique de Dans Dans, c’est ça ; c’est la surprise, l’étonnement, la non-conventionnalité. Même l’air change. Le vent, la lumière, les rayons du soleil se jouent des nuages et font naître la clarté, l’obscurité, le contraste. Les bourrasques soulèvent les bancs de sable, et finalement, les laissent retomber avec toute la nonchalance de l’instant. Entre légèreté et intensité, leur musique vous emporte, quelle que soit la destination.

Comme tout le monde, cloués au sol à la sortie même de leur album Zink, lors des confinements successifs, les Anversois ont donc eu le temps d’explorer une facette plus rock de leur tempérament. Avec 6, leur dernier album en date, ils ne manquent pas de nous bousculer là où le précédent était plus délicat et plus lumineux. Avec son côté parfois indus et métallique, cet opus prend des couleurs plus sombres, et avec elles, une texture plus rugueuse et moins lisse.

Aux moments de pure poésie, délicats et réchauffant, se succédèrent les passages plus bruts, nous emportant dans leur sillage. Un concert aux milles teintes, un concert varié, où se mêlent la finesse et la force, la légèreté et la gravité, la couleur et l’obscurité. Un moment d’une grande intensité.

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