LIVE : La Fête de la Musique

C’est où, la fête de la musique ? La réponse à cette question somme toute anodine peut prendre des directions diamétralement opposées.

On pourrait s’en tenir à un foutage de gueule en bonne et due forme. La fête de la musique, c’est de la merde. Les groupes sont tous tout pourris, on va soit cuire au soleil, soit se faire rincer la gueule par la météo belge, la bière sera chaude et hors de prix. Ajoute à ce pénible spectacle les chiards qui tiennent plus en place parce qu’ils ont bu trop de Coca pendant que papa et maman se sont lamentablement torchés et se drapent de tout le ridicule dont ils disposent en s’engueulant sur une base bien connue du genre « qui rentre avec les gosses ? » / « qui reste pour se finir au Spritz ? ».

Autre option : se perdre dans le programme presqu’infini de la ville dans laquelle tu te trouves. Exemple : à Liège, c’étaient des dizaines, voire des centaines d’événements programmés sur toute la ville. En vrac et pas dans l’ordre : Aux Chiroux, à Droixhe, au CPCR, au MAD, à l’Auberge Simenon, à la Cité Miroir, à Saint-Luc, à la Grand Poste, à l’Aquilone, à l’An-Vert, au KulturA, à l’Athénée Atlas, à la Collégiale Saint-Bathélemy, au Parc Sainte-Agathe, à la Casa Nicaragua, aux Prémontrés, au Musée Curtius, à la Cité s’invente, au Parc des Musiques (??? cherche plus, c’est sur le Boulevard Ernest Solvay), au Parc Comhaire (en haut du Laveu) et au tout nouveau B3. En tout plus de 140 événements dans toute la ville !

Le choix de la liberté : changer de ville et partir à l’aventure ! Ce n’est pas parce que ta ville regorge de scènes, d’artistes et de gens qui font la fête qu’il ne faut pas élargir son horizon. Des villes comme Liège, il y en a plein ! (Je mens, des villes comme Liège, y’en a qu’une… en bien ou en mal.) Des villes où on a vu fleurir des scènes tout au long de la semaine, y’en a plein. Bruxelles, Charleroi, Tournai, Namur, Dinant, Chimay, Visé, Aiseau-Presle, Houte-Si-Plou, Poilvache, Couillet, Bande, et plein de noms de bleds plus zarb les uns que les autres (c’est ça aussi, le terroir). Bon, j’exagère peut-être un peu, mais avoue qu’il y avait de quoi faire… Les scènes se comptent par centaines et les artistes s’y produisant par milliers.

La fête de la musique, c’est partout.

Et pour ma part, mon week-end passera par Huy, Arlon pour finir à Liège, Home Sweet Home !

Tu aimes faire la fête ? Huy, j’adore ça !

Pat-St-Rem-de-l’Atelier-Rock m’a engagé le vendredi pour des photos de sa scène. Au menu : Concert des élèves, Arty Leiso, Dan San, et Curiosity. Si j’avais déjà vu les élèves de l’Atelier Rock, je m’apprêtais à découvrir Arty Leiso, Dan San et Curiosity. Si ces derniers me mettaient moins l’eau à la bouche, j’avais entendu beaucoup de bien de Arty Leiso, et malgré le côté pop-folk des liégeois de Dan San, cela faisait trop longtemps que je me disais que je devais les voir. Et je n’ai pas été déçu du voyage à Huy ! Arty Leiso m’a fort surpris avec son rap Made in Wallonie à base de dürüm-frites et autres rigoleries belgo-belges (même si les dürüms n’ont rien de belges, l’humour du bonhomme, lui, l’est).

Dan San nous a emmené dans leur univers romantique et délicat. Grosse découverte scénique du groupe liégeois. Rompus à la scène, ils brillent à la lumière. Ils chatoient. Ils illuminent l’espace de leur présence, de leur complicité avec le public. Même les déboires de Maxime avec la sangle de sa basse n’auront pas la peau de cette magnifique prestation. Si Dan San n’incarne pas le style musical que j’affectionne le plus, je dois bien reconnaitre que l’énergie, la vie et la joie qu’ils ont mis dans leur concert a balayé tout doute sur leur capacité à tenir un public en haleine, à lui donner autant qu’il reçoit.

N’étant pas un fan inconditionnel de Cure, et encore moins des groupes de reprises, j’ai bien dû me rendre à l’évidence : les quasi 30 ans de carrière de Curiosity les placent au pinacle des Cover bands. Il faut s’y connaitre pour se rendre compte, sans regarder la scène, qu’il ne s’agit pas du groupe mal coiffé, mais d’une bande de quarantenaires devenus chauves. La principale différence entre le groupe original et ces curiosités bien belges réside d’ailleurs dans la quantité de cheveux qui se trouvent sur scène. Le déficit capillaire est avéré, mais ils n’ont pas à rougir du reste. Force est de reconnaitre que ces 5 mecs assurent, et le public a l’air assez d’accord avec moi.

Pat St Rem, ce Saint-Homme avait vu clair en programmant cette journée. Il avait conquis un public dont l’âge variait entre 8 ans et 80 balais. Il ne lui restait plus qu’à clôturer la soirée comme il le fait si bien, c’est-à-dire derrière les platines pour emmener ce petit monde vers la nuit et ses détours brumeux.

Arlon, c’est loin, mais c’est bien !

Direction Arlon ! Putain, c’est loin Arlon. Pour moi quand tu fais 2h de bagnole, même si tu ne franchis aucune frontière, il est totalement acceptable de considérer que tu as traversé la Belgique de part en part. Et pour aller voir Bandit Bandit, je suis prêt à traverser la Belgique. Je savais que je n’allais pas attirer Bobby en pays gaumais pour voir ce qu’il estime être le summum du dédain français, mais il est aisément accepté de dire que les goûts de Bobby ne sont pas toujours les plus affûtés. Même si globalement, il n’est pas le plus à plaindre, il ne faut tout de même pas oublier qu’il y a un vinyle de Louanne chez ce monsieur (il vous dira que c’est à ses filles, mais … ah tu vois, t’as capté aussi !). J’ai bien essayé d’y trainer George, et j’ai même essayé de l’appâter, la stratégie était pourtant évidente : Arlon, ce n’est pas très loin d’Orval. Mais le programme de l’animal était visiblement déjà trop chargé.

Toutes ces infos combinées, et on se rend vite compte que l’équipe de l’entrepôt avait vu juste. Le slogan des Aralunaires, c’est « Arlon, c’est loin, mais c’est bien ». Il faut se rendre à l’évidence : ils ont raison. Ces gens sont visiblement déterminés à nous faire passer une bonne soirée. Si Oney et Morgan ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable, je me réjouissais de revoir Lou K et son groupe de meufs badass. Grosse surprise, un agenda proche de l’auto-combustion a eu raison de ses 3 comparses, et ce sont 3 nouveaux visages que nous avons découvert sur la scène gaumaise. Si la mécanique semblait avoir encore besoin d’un bon rodage et d’un peu d’huile, il faut reconnaitre l’indéniable. L’énergie est là, et le projet de Madame Lou K est bel et bien né. Des paroles revendicatrices, un aplomb à faire pâlir les plus costauds d’entre nous, la meuf apparait forte et indépendante. Pas que ce soit incroyable ou exceptionnel, mais beau et fort, ça l’est. Ou plutôt, belle et forte, elle l’est !

Wanted in Arlon

La tête d’affiche (tu l’as ?) de ce soir est attendue. Pas que par moi, je le vois bien, même si je peine à dissimuler mon impatience. Faut dire que le couple de blousons noirs au Rimmel qui coule est déjà venu secouer Arlon à l’initiative de l’excellente équipe de l’Entrepôt il y a quelques mois, et il semblerait que les Bandit Bandit en aient profité pour marquer les esprits.

C’est donc devant un public conquis à leur cause que les deux lovers ont fait gueuler leurs guitares. Et si c’était pour moi la première fois que je voyais les outlaws français se produire sur scène, il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre pourquoi la foule peinait à contenir ses élans. On peut sans risque s’avancer et désigner le coupable : la fucking sérotonine. Elle dansait entre nos synapses et ondulait de plaisir tout en faisant ses trucs de sérotonine, à savoir transmettre le bonheur de notre cerveau à nos pieds et de nos pieds à notre cerveau. Je sais, la métaphore scientifique est plus qu’approximative, mais franchement, on s’en bat les ovaires de savoir d’où venaient cette ivresse et cette liesse, et les deux bandits n’y étaient pas pour rien.

Avec un nouvel album en préparation, le groupe nous a gentiment kidnappé pour nous faire découvrir quelques morceaux inédits, même pas encore sortis en singles (seuls deux titres ont été dévoilés jusqu’à maintenant), tous frais tous chauds sortis de leur esprit brulant.

More Women on Stage

On savait Maëva, la voix du groupe, impliquée dans le combat pour plus d’inclusivité et surtout plus de représentativité des femmes dans le milieu artistique (et au-delà), et on savait tout le soutien de Hugo dans sa démarche, lui-même étant un fervent défenseur des valeurs d’égalité et de justice. Avant eux, le message avait aussi été porté sur la scène gaumaise par l’incroyable Lou K. Elle aussi, je savais qu’elle portait ses couilles toute seule pour l’avoir déjà vue secouer les plus coincés des darons et les plus rétrogrades des connards.

Il n’y a plus qu’à espérer que le message passe, même si personne ne doute que les remparts mettront du temps à tomber et que bien des efforts sont encore à consentir de la part des organisateurs, des programmateurs, des agents, des bookers et de tous les autres. We need more women on stage, and you know it.

Back to Luik

La courte nuit arlonaise ne m’ayant permis que de récupérer une partie de l’énergie dépensée, je ne pouvais que terminer ce week-end marathon dans la délicatesse et la douceur d’un set post-rock. Et ça tombait bien, parce que de retour à Liège, après une rapide douche, direction le Parc Sainte Agathe pour écouter Slamino et la douceur de ses loops hypnotiques. Le cadre parfait pour se coucher dans l’herbe et oublier qu’on est là pour des photos. Désolé, Pablo, j’ai pas des masses de clichés, mais merci pour ce moment, merci de m’avoir fait oublier, pour une fois, que j’étais pas spécialement là pour boire des pintes en regardant le ciel.

L’année prochaine, sors de chez toi

Elle est loin l’époque ou la fête de la musique ressemblait à une triste kermesse, avec des vieux faux Johnny qui nous crèvent les tympans sur des scènes désolantes et désolées. La fête de la musique est devenue une vitrine de ce qui se fait de mieux dans le grand magasin du bon gout musical. Même si en matière de gout, il y en a pour tout le monde. Force est de constater que la FDLM, devenue véritable institution, a gagné ses galons au fil des ans, en nous proposant une programmation de plus en plus qualitative, reposant sur l’action des centres culturels, des salles de concert, des académies et autres écoles de musique, des maisons de jeunes, des comités de quartier, des villes et des communes, et parfois même d’initiatives personnelles et citoyennes. Merci à tous. Merci aux gens, merci à la vie, merci à l’univers de se permettre cette parenthèse musicale. Merci de mettre toute cette musique dans nos oreilles, de faire chanter nos synapses et de nous décoiffer à grands coups d’endorphine.

Bref, on se croise où l’année prochaine ?

Encore une fois, un immense merci à l’équipe de l’Atelier Rock de Huy, de l’Entrepôt d’Arlon, au CRC de Liège pour leur accueil plus que chaleureux, et à toutes les organisations et autres centres de culture pour s’être démenés pour nous proposer un programme hautement qualitatif sur tout le territoire de notre Beau Royaume de la Fédération Wallonie-Bruxelles de langue Belge en Communauté Française et alentours.

Links

N’hésitez pas à aller faire un tour sur les pages et sites web des associations de malfaiteurs susmentionnés :

En attendant l’année prochaine, quelques photos de cette solaire édition 2023 :