Dernier album de Nekfeu choisi par Whitney qui nous l’a proposé (mais jamais imposé) sous sa forme la plus complète, à savoir le documentaire, et le double album qui en est/dont il est tiré.
L’avis de Whitney
Alors, les quatres hommes blancs assis autour de la table avec moi ont décidé fin d‘année 2020 de me faire entrer dans le deadbeat club. Est-ce pour remplir les quotas ? Pas leur genre. Est-ce par soucis d’inclusivité ? Pas leur genre.
La raison pour laquelle ils m’ont invitée restera un mystère à jamais. Mais une chose est sûre, il n’y ont pas réfléchi longtemps. Ils ont en tout cas fait l’erreur de ne pas me demander quels étaient mes goûts musicaux avant. Ils n’ont d’ailleurs toujours pas posé la question, grave erreur !
Si je n’ai pas encore été assez claire, ce qui me plaît le plus c’est la musicalité, des sonorités qui donnent envie de chanter, au pire de dodeliner de la tête en rythme (ouais j’ai utilisé le mot dodeliner, kestuvafaire) avec un petit sourire en coin, une petite épaule qui se soulève l’air de rien. Et c’est ce qui me plaît avec Nekfeu, grâce à ses textes écrits principalement en alitération, il ajoute une musicalité à ses textes ce qui permet de profiter sans devoir écouter concentré pour absolument comprendre ce qui est dit.
Donc j’ai choisi cet album non pas simplement pour l’album mais pour le projet juin 2019, une annonce “Nekfeu sort un film”, séance unique dans des cinémas un peu partout en francophonie. On ne sait pas si on va voir un long métrage ou un documentaire. On se retrouve avec un peu des deux.
Après une pause de 3 ans, il nous raconte ce qu’il a fait, ce qu’il a traversé. Ce film et puis l’album qui suit représente tout ce que j’aime dans le rap français.Une certaine spontanéité, une sincérité, un esprit d’équipe de loyauté. J’aime découvrir qui sont ces gens qui n’ont même pas pris la peine de chanter. Et qui dans leur paroles jurent et sont vulgaires à la moindre occasion. Pourquoi ? Que leur est-il arrivé pour que leur parcours soit celui-là.
Ce projet nous fait voyager. D’abord littéralement. On passe de la Grèce, au Japon, la Californie, Nouvelle Orleans,… On voit la construction d’un album. On comprend comment cet album est construit un peu et même souvent beaucoup à l’arrache. Spontanément. Une grosse préférence pour le passage en Nouvelle-Orléans. Sans doute par nostalgie. Cet endroit respire la musique. Lorsque le vent s’engouffre dans les rues, ça te joue des mélodies qui t’emportent.
Je présente le projet en entier, l’album et le film comme un ensemble. Parce que le film seul donne envie d’écouter le résultat final. On voit beaucoup la construction des chansons mais on entend peu les versions finales, l’album seul a des faiblesses, beaucoup. Un peu de gâchis même de certains sons. Notamment ceux enregistrés en nouvelle orléans beaucoup trop retravaillés. Et puis finalement malgré le gâchis, grâce au film, tu te rappelles le travail derrière et tu apprécies quand même. Le souvenir du moment prend le pas sur la musique.
Je connaissais peu Nekfeu et ce film, ce projet a éveillé ma curiosité, grâce à une bonne réalisation…
Quelques trucs qu’il a dit et que j’aime encore bien
- “T’arrives avec une ébauche et puis t’as un espace libre de travail.”
- “C’est la musique de la débrouille”
- “J’aime le rap où tu mets rien après.”
- “Qui aurait pu prévoir ce que le passé nous réservait ?”
Quelques instrus que j’aime beaucoup beaucoup
- Alunissons
- Écrire
- Ciel noir
- Rouge à lèvres
En réponse à mes comparses…
« Nekfeu il sait même pas fait rimer les mots ! »
Ok, les rimes sont pauvres mais son truc à lui c’est les a-li-té-ra-tions au détriment du contenu parfois, certes mais j’avais dit que ce que j’aime chez lui, c’est la musicalité de son flow comparé à Damso, par exemple, qui a un flow assez fou mais quand on écoute de plus près, c’est pour dire que des crasses.
« Il n’a pas de vrais problèmes. »
Là où on va voir un psy ou simplement on passe un coup de téléphone à son amie le ou la plus proche, ou on enregistre un podcast. Lui, il se filme en train de payer des voyages à des amis. Deal with it.
Avec la dernière séquence où il rencontre des migrants qui ont traversé la méditerrannée, peut-être qu’il avoue qu’il n’a pas une vraie souffrance, effectivement.
L’avis de Alain
Avant toute chose, un énormissime merci à Whitney, si si ! Car sans elle, ce n’est pas un des 4 mâles blancs cisgenre hétéronormé d’éducation judéo-chrétienne malgré eux qui aurait proposé du rap français moderne. Merci à toi Whitney, du fond du coeur…
C’est vraiment pour ça que je suis ici et que je participe à l’aventure Deadbeat Club. Parce que si certains albums n’étaient pas proposés par l’un de vous, je n’accepterais même pas de risquer d’abimer mon oeil sur la pochette.
Le principe c’est de se dire que si on apprécie quelqu’un, on va probablement apprécier ce que cette personne apprécie. Avec l’avantage que si même on n’apprécie pas ce qu’elle apprécie, on appréciera quand même toujours la personne.
Car si le réponse « Faut-il différencier l’oeuvre de l’artiste ? » n’a toujours pas de réponse. On sait par contre pertinemment bien qu’une personne ne se résume pas à ce qu’elle aime, à ce qu’elle mange ou encore à ce qu’elle écoute (heureusement pour moi d’ailleurs).
Trève de bavardage : 3..2..1..FEU ! enfin Nekfeu…
Voici enfin venir le quart d’heure où je ne serai pas gêné de mon accent liégeois parce que je vais parler de quelqu’un qui parle moins bien que moi (pas sur le fond mais sur la forme bien entendu, je ne prétends pas être à la hauteur des palabres des artistes du rap game français).
Parait que c’est dans la mouvance « rap conscient » … non, je ne ferai pas la blague « en effet, c’est con et sciant » … j’ai presque 50 ans mais je tiens encore à ma dignité.
A force d’écouter et de me plonger dans l’univers, Nekfeu c’est devenu mon T’choupi
Nekfeu sort un film
Nekfeu sort une édition spéciale
Nekfeu fait un documentaire
Laissez-moi vous en conter ses aventures ….
T’choupi au tribunal
Faites entrer l’accusé : Monsieur Ken Samaras (elle est pas là Barbie ?) , victoire de la musique, meilleur album de musique urbaine en 2016. R_E_S_P_E_C_T Respect
La parole est à l’accusation :
Monsieur le juge, Mesdames Messieurs, nous allons aujourd’hui tenter de vous démontrer que Monsieur Samaras est le nouveau T’choupi de toute une génération. Car oui, Nekfeu is the new T’choupi ! Voici les preuves …
T’choupi à la logopède
Erreurs de français (grammaticales essentiellement) et de prononciation ainsi que les rimes nulles (mieux avec mieux, seul avec seul, salade avec salade, Simpson avec Simpson … pitié quoi … mais ce n’est pas son exclusivité)
Une des bases de la constitution d’une chanson, c’est ce petit phénomène de la langue française qu’on appelle « une rime ». Les plus précis d’entre nous (seul un homme précis est un homme précieux)
T’choupi s’assied sur les négations
Ca veut rien dire
Ca marche pas
Ca t’empêche pas d’essayer
J’ai pas besoin de vous expliquer plus je pense, c’est pas compliqué
T’choupi écrit des citations (soyez attentifs, celui-ci est un peu long et je me suis beaucoup investi)
« Nos corps unis par cette danse que ta lumière peut apprendre à mon ombre, un jour, tu me donneras ton oui et tu prendras mon nom. » (Dans l’univers)
Apologie du patriarcat
« Tu peux être un acteur important du film de ma vie mais tu n’auras jamais le premier rôle » (1er rôle)
Apologie de l’individualisme et du narcissisme
« Dans la poche, j’ai 6k comme Simpson; tous les jours sur l’divan, comme Simpson, j’suis né O.G. comme Simpson; ils m’ont mal jugé, comme Simpson. » (Menteur menteur)
Apologie du révisionnisme
« J’regarde par la fenêtre la lune est verte, plongé au confluent, des époques, j’ai jamais voulu m’y faire, elle pleut. » (Elle pleut)
Apologie de la drogue
« Scène de baiser tourné avec une actrice, c’était du jeu mais son coeur a vibré. » (Voyage léger)
Apologie du harcèlement sexuel … bravo … parfait … on avance … et ce n’est pas fini.
« Vaut mieux avoir de sérieux amis que des amis sérieux. »
Apologie de toi aussi tu peux une fois faire de beaux panneaux sur Facebook
« Un p’tit arabe qui fait des bêtises, c’est un voyou pour la France, un p’tit noir c’est pareil, mais quand c’est un p’tit blanc, c’est juste un chenapan. » (Les étoiles vagabondes)
Apologie du « tu me fatigues bordel, arrête de reprocher aux gens de faire des généralisations si tu le fais toi-même »
« L’amour est une essence, la mort est une naissance. » (Ciel noir)
Apologie de « Vous avez deux heures » quoi que pour celui-ci j’ai hésité avec « C’est trop simple d’être compliqué, c’est compliqué d’être simple. »
« Indépendants comme PNL, on veut être les premiers comme Jul. » (Takotsubo)
Apologie de « Ho merde ! Enfin un truc un peu intelligent. »
« Quand c’est fini, elle efface ses com’, elle est facile comme les phases en « comme » » (Menteur menteur)
Apologie de mais tu sais que ça ne veut rien dire nom de Dieu
« L’homme était bon avant qu’il souffre, mon reflet dans une flaque déformé par le vent qui souffle. » (Le bruit qui court)
Apologie de fais gaffe mec tu commences à parler comme Alain
T’choupi et ses copains
Les hurleurs qui font : pshhht, pouic puis, brrrrrrra, nous c’est bon, peine de mort.
Le seul point positif avec les rappeurs français, c’est que souvent ils se détestent mutuellement et cordialement… C’est probablement cette haine réciproque qui fait que leur population s’auto-régule…
Non mais sérieusement hein, citez-moi une seule bagarre ou fusillade célèbre impliquant un chanteur de country ?
Sinon, j’espère que vous ne m’en voudrez pas. Car, comme dit Nekfeu dans « Ciel noir » : « Ecrire, c’est la première action d’un homme privé de liberté. ».
Le jury a-t-il rendu son verdict ? (Oui, on revient au tribunal) Oui votre honneur : en l’absence de preuve tangible, nous déclarons l’accusé non-coupable.
Donc, musicalement ce n’est pas ma came, mais je suis obligé de reconnaître que le gars est impliqué, motivé, qu’il a des choses à dire mais ce n’est pas mon monde.
Mais ma plus belle conclusion sera un hommage, car aujourd’hui je n’ai pas été sage.
Même si j’aime pas le bonhomme, je citerai Nekfeu dans « Compte les hommes »
« J’aime pas les critiqueurs, encore moins ceux qui critiquent les critiqueurs, donc j’ai développé une attitude, chacun fait sa life, ne me raconte pas des salades. »
L’avis de Kante
Bon… pour commencer je voudrais dire merci à Whitney. On a du se taper Nekfeu, mais si on y regarde de plus près, Netflix propose aussi un document sur Big Flo & Oli, et comme si le monde n’était pas déjà assez moche, il y en a aussi un sur PNL et Gims. Donc dans l’absolu, on est pas si mal lotis, voire même, assez chanceux, parce qu’avec sa propension à balancer des doubles albums, on aurait tout aussi bien pu, pour le même prix devoir se taper les 4 docus.
Allez, on y va ! Le docu.
J’ai commencé par le documentaire. Empli de préjugés, je me disais (naïvement) que la pilule passerait plus facilement si il y avait des images pour me distraire.
Ça commence bien. Backstage, un univers que je chéris, des gros joints qui tournent, le stress d’un concert, ça tombe bien, j’adore cette ambiance fugace, d’une complicité sans faille et où flotte ce doux parfum d’une promesse faite au public. Great Expectations.
Après, on passe par la case crise de l’artiste qui a les moyens tout en restant sur une note poétique et légère. Jusqu’ici, je dois quand même bien reconnaitre que je suis surpris. J’ai carrément envie de voir la suite. Dingue !
Après toutes ces notes positives, je tiens tout de même préciser qu’après 29 minutes, j’en peux plus de l’autotune et de l’harmoniser. Donc ne venez pas dire que je n’y mets pas du mien.
Les discussion pseudo-philosophiques sur les toits de Paris qui n’ont de raison d’être que parce qu’il y a une caméra dans le coin, ça va bien, merci. J’ai trouvé ce documentaire un peu égocentrique, c’est un peu comme une vidéo de personnalité branling d’une société qui n’est déjà plus anonyme.
J’ai surtout vu un mec qui a les moyens de glander, de tarder à sortir un album, à prendre l’avion pour les 4 coins du monde, juste parce qu’il le peut. Mis à part la Nouvelle-Orléans, tous ses voyages étaient des caprices ou des délires entre potes.
À y repenser, je suis toujours parfaitement dubitatif quant au choix du titre du docu.
Etoile vagabonde : deux étoiles trop proches, une explose, et lance l’autre dans l’espace sans trajectoire précise. Quel rapport ? Quelqu’un a explosé dans la file au pole emploi et ça l’a envoyé dans le monde du rap français, sans trajectoire précise ?
Ou alors j’ai rien compris et je veux bien que quelqu’un m’explique.
Au début du doc, il dit ne pas avoir l’inspiration, mais à la fin, je ne sais toujours pas s’il l’a trouvée.
J’ai relevé quelques perles qui expliquent merveilleusement la production musicale de Nekfeu pour moi :
À un moment, il dit qu’il veut « Trouver un autre style de musicalité ». Un autre style de musique, OK. Une certaine musicalité, OK, Mais un autre style de musicalité, je ne suis plus d’accord. Je veux bien que le monsieur saccage la langue française, mais faudrait voir à pas exagérer quand-même. D’ailleurs, à un moment, son pote lui dit « En fait, t’es faussement juste et faussement faux, mais pas vraiment vrai ». Tout est dit.
L’album
J’ai déjà pas été conquis par la qualité de son écriture dans le documentaire, je trouve que c’est faible, voire pire que Bénabar. L’album ne m’a pas réconcilié avec le bonhomme. Est-ce le fait de devoir me taper les morceaux dans leur intégralité alors qu’on avait que des bribes dans le documentaire ? Je ne sais pas, mais pour peu qu’il y ait quelques rares morceaux avec un bon beat bien machiné, je n’y arrive pas. Désolé.
Cette histoire de voyage, non-seulement je n’entends pas assez la nouvelle Orléans, mais je ne comprends pas le but des voyages si ce n’est la glande. Tu pars enregistrer à Tokyo, à L.A., à Bruksellaaaan, en Grèce, aux 4 coins du monde, déjà tu te dis le mec, il est parti enregistrer 6 albums bien typés (déjà il arrive pas à en écrire, un, donc j’étais malgré tout dubitatif), mais non, en fait, à chaque minute qui passe, tu te rends compte que le mec, il fait ça juste parce qu’il a la thune pour le faire. Même le trompettiste de légende qu’il rencontre à la Nouvelle Orléans, je trouve que l’utilisation de ce qu’il a fait est une insulte au bonhomme. À peine une nappe moisie dans un morceau, je suis désolé, mais il aurait pu faire pareil avec un sample de porte qui grince.
A la base, comme je vous l’ai déjà expliqué, les paroles, je m’en fous un peu. Pour moi, la voix est un instrument de musique comme un autre, les mots et les lalalas ne sont qu’un support pour les notes. Un véhicule. Et bien en tant qu’instrument, je trouve son flow mou et emmerdant. Et puis ce phrasé de racaille, c’est tellement beauf je trouve. Les paroles (pour peu que je les écoute vraiment) sont creuses, le mec raconte sa vie et j’ai déjà une belle-mère pour ça.
A un moment, je me suis demandé si j’étais trop vieux ou devenu trop con pour saisir toute la subtilité d’un texte qu’au final je ne comprenais pas du tout. J’ai donc demandé à ma fille de 13 ans si elle pouvait m’aider. Après 3 « Okééééé », non-seulement je me sentais rassuré, mais en plus, j’étais pris d’une certaine fierté. Je n’étais pas passé complètement à côté de son éducation. Je n’étais pas le seul à ne pas comprendre, et pour aller plus loin, et sans même lui en parler, elle a réussi à mettre des mots sur mon malaise. « C’est n’importe quoi, ça part dans tous les sens, dans une seule chanson, il y a mille sujets. Je ne comprends pas de quoi parle une chanson. Y’a trop de trucs. Je ne sais pas si c’est une chanson triste, ou pas ».
Dans le doute, j’ai pleuré perso…
Voilà.
On n’est pas sauvés, quand vous en aurez fini avec moi, ma fille perpétuera mon oeuvre.
L’avis de George
Bobby tu pourras me mettre un tapis sonore de Remy sans famille ?
Nekfeu et ses étoiles vagabondes,
Je me suis tout tapé, et là, j’ai envie de me suicider le docu et le double album qui durent une éternité. C’est l’jeu mais putain l’expérience était longue. À la sortie, la première chose qui me vient à l’esprit, clairement, c’est l’extrême relativité du temps. J’aurais voulu du Casey ou du Cypress Hill mais Whitney m’a filé du Ken et pas le survivant.
Moi aussi je peux coucher des rimes pourries. Moi aussi je les ai enfantées en souffrant.
Nekfeu, si on enlève le N, les 2 E et le U, et qu’on les remplace par deux A, un R et un D, ça donne KAFARD, mais avec un K.
Le côté promo pour commencer. Un disque qui sort début juin 2019, un docu, puis un deuxième disque deux semaine plus tard, qui était prévu, mais pas annoncé avec 50 minutes de plus qui sont supposées s’insérer au beau milieu des autres titres. On se fout de qui ? Y a un bon de réduction pour des chaines avec chargeur CD ?
Le docu maintenant, qui commence avec le groupe qui s’apprête à monter sur scène. Puis une première voix off de Fennec.
Aujourd’hui je joue devant 80-10 mille personnes. Et je me suis jamais senti aussi seul.
Pauvre petit fennec qui se sent seul.
On arrive dans un village paumé en Grèce et on suit ce brave Fennec dans les rues du village, en voix off, on a droit à :
Parfois il faut fuir la folie des grandes villes. Le plus difficile dans la création d’une nouvelle œuvre, c’est le premier trait. Celui qui vient troubler l’équilibre de la page blanche. Celui qui en choisissant d’être, assassine une infinité d’autres réalités.
Putain pète un coup fieu non ?
Pauvre petit Fennec seul et poète victime de la feuille blanche.
Premier son qu’on entend dans le docu, qui est également le premier titre de l’album qui porte le même nom.
J’ai envie d’vivre à l’étranger ; toute ma vie, j’ai déménagé
J’ai vécu en banlieue, j’ai vécu dans Paris même
J’ai té-j’ mon téléphone pour pas qu’on vienne me déranger
Donc ne viens pas m’interroger, envoie tes demandes par e-mail
J’ai l’impression qu’on n’m’écoute pas
Quand ça va pas, je bouffe comme un fou
Et ces derniers temps, j’ai pris beaucoup d’poids
Nan mais qui s’en fout ?
Plus loin, pauvre petit Fennec seul et poète victime de la feuille blanche en surpoids dit :
Et si j’étais, cent pour cent moi-même, j’ferais même pas ce film
Ben le fais-pas non ?
Et ça continue, pauvre petit Fennec seul et poète victime de la feuille blanche en surpoids et aspiré par le star system dit :
Je fais tellement de concerts que ma vie privée c’est devenu un entracte, j’ai fini par me retrouver seul
Et encore, pauvre petit Fennec vraiment très seul et poète victime de la feuille blanche en surpoids et aspiré par le star system dit :
Je peux pas rester en inaction plus d’un jour ou deux, parce que c’est le moment que choisissent les pensées sombres pour s’infiltrer dans mon crâne.
Et ça ne s’arrête jamais, pauvre petit fennec vraiment très seul et poète victime de la feuille blanche en surpoids et aspiré par le star system et très fragile et sujet aux idées noires dit :
Ces derniers temps, ma vie, c’est gérer ma boite, gérer mes patates, et gérer ma rupture, enfin, rupture, encore ça peut t’inspirer mais je vise des trucs plus grands.
Pauvre petit Fennec vraiment très seul et poète victime de la feuille blanche en surpoids et aspiré par le star system et très fragile et sujet aux idées noires chef d’entreprise avec trop de responsabilités et trop de pognon, pardon, de pression, le cœur qui saigne, écrasé par le poids de ses ambitions.
Et là, on n’est qu’à 10 minutes là du docu. Il souffre fort petit Fennec. Sur un champ de courses, on l’abattrait.
On le voit parler sur un toit, parce qu’on est toujours mieux sur les toits pour parler :
Je veux chercher ce qu’il y a d’universel. Et souvent, ce qu’il y a d’universel, c’est ce qui est super précis et personnel.
Ok. Et là on passe au jour 1 de l’enregistrement, et là, on les voit écouter les premières pistes et on entend :
Au collège j’étais cheum
Je volais des playstation je les revendais je m’achetais des jeux
Qu’est-ce qu’il y a dans la tête des jeunes
C’est universel ça. Et puissant avec ça. Au moins tout autant que je bouffe comme un fou j’ai pris beaucoup d’poids.
Et passionnant comme tout cet album en fait. Parce que mon plus gros problème avec ce pauvre petit Fennec, c’est que quasi tous ses textes sont parfaitement lisses, creux, anecdotiques et font flop. Y a rien de subtil, rien de touchant. Rien d’intéressant à se mettre sous la dent.
Vacuité est le mot qui me vient à l’esprit en premier
(Nom féminin) Fait d’être vide pour un contenant ou un milieu. Sans consistance, sans intérêt. Inertie.
Je rajoute à ça que le son de cet album représente, à l’une ou l’autre exception près, tout ce que je déteste dans le rap, des morceaux musicalement plats et chiants, et mornes.
Ça devient complexe pour pauvre petit Ken et moi, là où Madlib lui a compris que quand on a rien à raconter on fait des instrus.
Et pour revenir au docu, toutes ces scènes en voix off sont parfaitement insupportables de prétention et en plus quand elles sont suivies par des scènes insipides rythmées à coups de wesh gros, on se demande si on n’est pas face à un sketch des inconnus finalement.
Après, je sais pas ce qui est le pire :
Quand on le suit en Nouvelle Orléans dans sa quête d’inspiration de souffrance après le passage de Katrina.
Pauvre petit Fennec dit :
C’est précieux une vraie souffrance, on la protège des regards intrusifs, une vraie souffrance, ça s’expose pas.
Mais tu ne fais que ça fieu depuis une heure, te plaindre au pauvre preneur de son que tu souffres. Le pauvre gars est probablement toujours sous xanax depuis le tournage.
Et puis quand il retourne sur son île pour aller puiser dans la souffrance des habitants pour faire une dernière chanson où on le voit causer avec des réfugiés qui ont vécu l’enfer.
Les mecs parlent face caméra de vraies drames humains, de morts, et lui est là en fait pour trouver l’inspiration pour écrire une chanson qui sonne tragédie grecque. Sérieusement ?
Et tout ça pour finir par sortir un morceau dont le titre en grec veut dire « tout va bien » où il explique qu’il faut qu’il arrête de se plaindre parce qu’il y a pire dans le monde. Bravo champion. Il aurait ptet pu commencer par là en fait. Puis juste allumer le JT pour trouver de l’inspiration à base de souffrance. Putain, tout ça pour ça.
C’est donc officiel, entre son docu ouin ouin et parfois mal placé, la sortie de l’album en deux temps pour faire raquer les fans et ce marketing pourri, ses textes planplan, sa manie de chouiner dans ses paroles mais aussi dans son micro où il mange en plus parfois ses mots ggngngmgmgmg de façon insupportable, les chansons pénibles qui se multiplient à l’infini, c’est officiel, je n’aime vraiment pas ce pauvre petit Fennec. C’est long, répétitif et juste pénible. Et on ne peut même pas dire que le documentaire rende le personnage attachant. Je n’ai rien à sauver. Que dalle. Je suis bien désolé.
Mais courage à lui surtout, parce que vraiment, ça n’a pas l’air facile pour lui tous les jours :
J’ai envie d’vivre à l’étranger ; toute ma vie, j’ai déménagé
J’ai vécu en banlieue, j’ai vécu dans Paris même
J’ai té-j’ mon téléphone pour pas qu’on vienne me déranger
Donc ne viens pas m’interroger, envoie tes demandes par e-mail
J’ai l’impression qu’on n’m’écoute pas
Quand ça va pas, je bouffe comme un fou
Et ces derniers temps, j’ai pris beaucoup d’poids
Sur ce, je retourne écouter NTM, IAM, Assassin, Asocial Club, Starflam, les tarés nécrophiles de VII & Littledemo, les albums de Casey avec ou sans Zone libre, avec Serge Tessot-gay, voire même La Rumeur.
L’avis de Bobby
Assez bizarrement Il a fallu quasi 10 morceaux pour y entrer. A chaque écoute.
Constatation simple et basique, trop de morceaux tuent les morceaux. Le doc est intéressant dans son cote making of d’un album même si un peu light.
Je suis vraiment entre 2 eaux, et à chaque morceau je change d’avis
En vrai je ne sais pas si j’aime.
Suis je trop vieux ?
Au départ je me suis encore enervé sur ces beats pauvres et minimalistes et puis j’ai découvert les subtilités des prods.
Subtilités. c’est peut-être là le problème, c’est trop subtil et à la longue ca reste un peu monotone.