Sons of Kemet – Black to the Future (2021)

L’avis de Kante

J’entends déjà Alain.
Si si… je t’entends.
Très distinctement, même !

« IL ME SEMBLAIT QUE LES FANFARES, ON NE POUVAIT PAS »
« IL ME SEMBLAIT QUE LA WORLD MUSIC, ON NE POUVAIT PAS »

Ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas DU TOUT la même chose.
On est loin de Meute. Très loin. Trèèèèès trèèèèèès loin !
On est loin de la purée de manioc séchée à laquelle on a droit quand on parle de world music. Et on est loin des shamans blanc à dread-locks qui se secouent la nouille sur des didgeridoos en PVC.

Maintenant que cette ambiguïté a été écartée, on va pouvoir commencer à causer sérieusement.

Sons of Kemet. C’est un groupe de Jazz contemporain Anglais formé par un ensemble de monstres du Jazz
On a Shabaka Hutchings, saxophoniste dans des groupes aussi mythiques que Sun Ra Orkestra, Floating Points, Polar Bear.
Dans ce groupe, on a aussi Seb Rochford qui a bossé avec Pete Doherty, avec David Byrne, Brian Eno, Herbie Hancock, j’en passe et des meilleures. Seb Rochford a été remplacé par Eddie Wakili Hick qui a lui joué avec Alicia Keys, Mark Ronson, Roots Manuva, Beth Ditto, Florence Welch (Florence and the Machine), bla bla bla
Tom Skinner batteur et Theon Cross (Emeli Sandé, Makaya McCraven, …)
Déjà, niveau références, ça ferme les bouches les plus fétides…

Et là ou ils sont tous nés en Angleterre, ils ont presque tous des parents aux origines diverses et variées (Barbade, Jamaïque et Sainte-Lucie, Inde, ) Rien d’étonnant donc de retrouver des rythmes et des mélodies moins européano-continentales, aux sonorités plus exotiques, frisant le calypso par moments

On a donc un groupe de Jazz-Rap, avec des influences d’une rare richesse, ce qui donne à ce jazz presque expérimental des teintes que l’on a pas l’habitude d’entendre dans le Jazz.
Si on rajoute à tout ça cette aptitude qu’ils ont d’intégrer des paroles puissantes rappelant le Hip-Hop et le rap old-school, on obtient un mélange savant et très équilibré je trouve entre tous ces genres sans pour autant devenir une énorme soupe dégueulasse et indigeste.

On est parfois pas très loin de la branlette, mais de la bonne branlette. De la branlette de qualité. Rien de sale ni de pervers. Juste un moment à se faire plaisir, seul, à deux, ou en groupe.

Je pourrais, une fois de plus vous conseiller d’écouter les autres albums, mais vous avez sans doute des choses à faire dans votre vie.

L’avis de George

Très bon choix de notre cher Kante, même si pour le coup, je garde une nette préférence pour leur précédent : Your Queen is a Reptile que j’ai trouvé plus pêchu et encore plus fou et pour lequel j’aurais probablement été bien plus volubile.

Il n’empêche, ce retour vers le futur noir reste un bon album.

Dans lequel il y a du sax et pas de trompette.

Dans lequel il y a aussi Moor Mother et pas Princesse Nokia 69

Qui commence par un très sombre Field Negus, véritable plaidoyer pour une révolution black et son final hashtag burn it all, just burn it all.

L’album enchaine avec Pick up your burning cross, son rythme effrené et ses références à Roscoe Mitchell et Don Moye que mon manque de culture jazzisitique et afro-américaine m’ont poussé à googueuliser leur nom pour découvrir qu’il s’agissait de membres de l’Art Ensemble of Chicago, je cite, une des formations les plus importantes et les plus révolutionnaires du champ jazzistique – de ce qu’ils ont été les premiers à appeler la « Great Black Music »

Hustle et son refrain Born from the mud with the hustle inside me qui te fait hocher la tête

Et je pourrai dire du bien de tous les morceaux tant ce disque est entrainant et réjouissant, un mélange ultra-réussi de hip-hop et de jazz section big bands, et de musique africaine. C’est à la fois très engagé mais aussi très poétique.

Le groupe a publié ceci à propos de cet album : « Black to the future est un poème sonore pour l’invocation du pouvoir, du souvenir et de la guérison. Il envisage notre progression vers un avenir dans lequel la connaissance et la sagesse indigènes sont centrées sur la réalisation d’un équilibre harmonieux entre le monde humain, naturel et spirituel ».

Ambitieux, mais réaliste au vu de la qualité intrinsèque de ce nouvel album proposé par notre excellent Kante !

L’avis de Alain

Album découvert sur le site album of the year. Je suis super heureux d’avoir servi à quelque chose …
Attiré par la pochette, encore plus belle sur Apple Music

Un vilain super groupe. Niveau technique très élevé …
Les critiques étant très positives (il est album de l’année dans certains classements et souvent dans le top 10) je suis allé jeter un coup d’oeil.

J’avoue que Jazz (ma femme trouve dit qu’elle ne comprend pas) et afrobeat (que je préfère à jazz rap), ce n’est pas ma tasse de thé, ce qui tombe bien puisque le groupe et londonien (ami des clichés bonsoir).

C’est ce que j’appelle « un album pas facile », ce qui signifie que c’est une musique complexe qu’il m’est difficile d’écouter en faisant autre chose.

Complexe et plaisant

« To never forget the source » : excellent titre

L’avis de Bobby

Comme vous pouvez le constater, une fois la cinquantaine passée, on ne prend plus la peine de répondre aux mails, ni de transmettre ses textes…
Bah, vu que les gifs, il parrait que c’est pour les boumeurs, ben voilà, c’est pour eux ! (et écrire boumeur, on en parle ?)