The Sundays – Reading, Writing and Arithmetic (1990)

L’avis de Alain

(Bientôt, ici, l’avis de Alain !)

L’avis de Kante

On était en 2020 ou 2021, je ne sais même plus bien. J’étais accoudé au bar, je me demandais ce qu’on avait bien pu faire au bon dieu pour mériter toute cette merde. L’endroit ne payait pas de mine, il faisait sombre, je me disais assez logiquement que ça devait cacher quelque chose de pas net, ce que cette odeur nauséabonde me confirmait définitivement.

Après 7 minutes 40 (les 4 minutes 18 de la première et les 3 premières minutes 22 de la deuxième), j’avais déjà l’impression d’avoir subi deux confinements.

Je me retournai vers mon voisin, et lui dis sur ce ton un peu moqueur qui m’est si cher « Dis-moi, Belzébuth, déjà à la base, tu conviendras que le lieu n’est pas des plus accueillants, mais tu trouves pas que tu pousses le bouchon un peu loin avec la musique ? L’enfer, c’était pas assez ? Il fallait vraiment que tu en remettes une couche ? Non, je dis ça, mais les gens vont commencer à se plaindre… la chaleur, ça passait déjà limite. J’ai cru entendre que les gens trouvaient que ça puait le souffre, mais là… franchement… les The Sundays, quoi ! »
Ce à quoi cette enflure me répond… « Écoute mon gars, j’en avais vraiment marre de Coldplay, je crois même que je vais l’envoyer au paradis, je veux pas qu’il mette les pieds ici. On ne peut pas accueillir toute la misère du monde en ce bas-monde. »

Bref, il faut retenir que cet album est devenu un des principaux outils de torture en enfer. Et si je ne m’abuse, Alain, tu es bien placé pour mesurer toute l’ampleur du tableau.

En fait, j’ai même envie de faire une mise en abîme à défaut de descendre pour de bon dans les entrailles de la terre. Ça me fait penser à un lotissement sur les hauteurs d’une ville américaine au bord d’un « Reservoir », où les pelouses sont bien tondues. On voit d’ailleurs ce cher Chuck et son physique fluet sur son gros tracteur tondeuse, les deux voitures attendent sagement dans l’allée du garage a porte double-automatisée, les sidewalks sont impeccablement entretenus, et tout le monde respecte les limitations de vitesse. Les gens se saluent, s’échangent des recettes de tarte aux noix de pécan, s’invitent à des barbecues auxquels ils vont vraiment, et apportent même un gâteau dans une petite boite rose avec une belle ficelle nouée de telle manière à pouvoir le transporter aisément. Ne serait-ce pas ça, l’enfer sur terre ?

En fait, ça m’a fait penser au groupe de la soeur de Dolores O’Riordan, des Cramberries, mais qui n’aurait pas grandi sous les bombes, mais dans la barbapapa.

Après, je peux comprendre ton choix. Pour un Directeur d’Ecole, et ancien instituteur, c’est vrai que la lecture, l’écriture et l‘arithmétique, c’est important.

Est-ce que je vais réécouter cet album ? Étant donné qu’il ne fait aucun doute que je finisse en enfer, je vais encore pouvoir profiter de la B.O. officielle. Il est vraiment trop fort, ce Belzebuth.

L’avis de George

Alain et moi, à la fois si proches et si lointains. S’il nous est arrivé de nous rejoindre comme sur Devin Townsend ou Throwing Muses, il arrive aussi qu’on prenne des directions radicalement différentes comme avec Maggie Rogers ou Oranssi Pazuzu.

Je pense que dans l’histoire du Deadbeat Club, il n’y a pas eu un seul album dont le sort a été scellé aussi vite que celui-ci. Moins de trente secondes. Le temps qu’il aura fallu à Harriet Wheeler pour me faire saigner les tympans avec son timbre qui a entrainé un hérissement généralisé de toute ma frêle pilosité et une envie furieuse de passer les baffles par la fenêtre du premier étage.

C’est pas de sa faute. Mais dès qu’elle se met à gueuler, ce qu’elle fait toutes les 15 secondes dans le premier titre, j’ai des images de torture médiévale qui apparaissent dans ma tête. Je vois les articulations de ses bras et jambes se déchirer petit-à-petit alors que quatre chevaux sont occupés à tirer furieusement chacun en direction d’un point cardinal différent.

Et au-delà de la voix, il y a en plus cette insupportable pop qu’on prend dans la tronche dès le second morceau, Where the story ends, où là c’est le guitariste que je mets à avoir envie de molester furieusement à coups de masse d’armes. « Allez réveille-toi, ta maman ne t’a pas acheté une guitare pour en faire ça, joue maintenant bordel. »

Et Wheeler continue à gueuler, encore et encore sur ces airs directement inspirés des insupportables premiers albums de Cure, oui je n’aime pas les premiers albums de Cure non plus, je pourrais cogner quand j’entends Friday I’m in love.

Et j’ai écouté cet album, et je l’ai même réécouté. Et plus je l’écoutais, plus j’avais l’impression d’avoir les Hanson qui reprenaient the Cure avec au chant une Alanis Morissette à l’âge de 13 ans qui s’entraine pour les sélections de The Voice dans sa salle de bain.

Donnez-moi de la chanteuse qui souffre, qui a mal à sa vie, qui vomit des arcs en ciel, qui grogne, qui growle, mais pas qui grince comme cette brave Harriett.

Ou alors des trucs un peu plus sombres, comme Mazzy Star, ou plus intimiste, comme Alela Diane ou Marissa Nadler, on un truc qui rock un peu plus comme PJ Harvey ou Honey is Cool, l’époque surprenante où Karin Dreijer tenait la gratte avant de passer à The Knife.

Là à la fin de ce Reading, Writing and Arithmetic, je rêvais qu’elle se prenne les pieds dans ses câbles de micro et qu’elle s’étouffe avec.  Mais ce n’est pas de la faute aux Sundays,

parce qu’attention, à aucun moment, je ne vais essayer de vous faire croire que c’est réellement mauvais. Ce n’est pas mauvais, ce n’est pas d’la merde, ce n’est pas Maggie Rogers. Ce n’est juste pas du tout à mon gout, et comme me l’a dit ma chère et tendre après avoir survécu à un concert entier de Nine Inch Nails, « je comprends pourquoi on peut aimer ça ».

Et moi aussi, je comprends pourquoi on peut aimer les Sundays, moi j’ai juste un problème avec les voix féminines haut perchées et avec la pop. Within Temptation et Alanis, ce ne sera jamais pour moi. Mais il en faut pour tout le monde, parait-il.

Y a quand même des passages moins pénibles, comme sur A Certain Someone, mais dans laquelle elle finit par gueuler et ruiner tout ce qui a été construit.

L’avis de Bobby

Subtilité vs Monotonie.

Délicatesse vs Ennui.

Simplicité vs Manque de créativité.

Pendant toute l’écoute, mon coeur, mon esprit et mon âme ont balancés entre ces 2 sentiments.

Mais c’est systématiquement la 2ème sensation qui l’a emporté. Dommage Alain !

Ce mortel ennui excepté la batterie de Hideous tTowns en contretemps décalé qui réveille et attire l’attention.

La voix est de moins en moins crispante au fur et à mesure des écoutes, mais cela ne la rend pas supportable.

Par contre c’est mignon ces mini riffs de guitare genre « on s’énerve mais pas trop », mimi tout plein, On dirait des gosses qui s’énervent.